Il était sur le quai du métro comme tout le monde, un peu plus courbé, peut-être. Autour de lui, les gens allaient et venaient, pressés, occupés. Il est entré dans le wagon comme les autres, d’un pas un peu plus lourd, peut-être. Il a serré son sac plastique contre lui et s’est assis sur une banquette, un peu plus tassé sur lui-même, peut-être. On ne voyait pas son visage, mangé par la capuche de sa parka en haut, et par une barbe de huit jours, en bas. Il a regardé par la fenêtre le déroulement monotone du mur puis sa tête s’est inclinée doucement sur sa poitrine. Il s’est endormi.
Autour de lui, une à une, les personnes se sont levées. En silence, elles se sont écartées de lui. Etait-il une si mauvaise fréquentation ? Ceux qui montaient, intéressés de prime abord par toutes ces places libres, se précipitaient. Mais, quelques instants plus tard, comme les autres ils se levaient, préférant le voyage debout, à l’écard de cet homme pourtant silencieux.
Sa tête avait glissé très bas. Son buste, presque cassé en deux, le faisait ressembler à un Atlas urbain supportant je ne sais quel malheur, lourd et volumineux. Dans le fracas du métro, on n’entendait pourtant pas un souffle, pas une plainte de protestation.
Une quinzaine de minutes plus tard, mû par un mystérieux ressort qui avait dû lui indiquer qu’il était arrivé à destination, l’inconnu s’est réveillé. Il n’a pas eu un regard pour la place nette autour de lui. Tout le monde s’est poussé pour le laisser descendre, en silence. C’était sa façon à lui de vivre en ermite, dans une tour d’ivoire sans que personne, jamais, ne songe à l’importuner. C’était sa vengeance, sa terrible contrepartie sur une société qui l’avait rejeté : il ne se lavait pas.
Cette « … vengeance … terrible contrepartie sur une société qui rejette… » rappelle « l’histoire d’un mec » qui parfois n’hésitait pas à pousser très loin la provocation pour nous suggérer « la société ne veut pas de moi… qu’elle se rassure je veux pas d’elle non plus… », juste pour faire marrer, ou juste pour réveiller un peu …enfin rien de si éloigné de cette nécessaire culture de la lutte contre l’inacceptable…pas si loin non plus de ce petit adage qui nous dit « qu’ils ne nous auront pas…que c’est nous qui les auront…et surtout, que s ‘ils nous ont quand même on ne l’aura vraiment pas fait exprès ! »…
M’enfin, comme tu le sais, tout possède une polarité en ce vaste monde. Alors, ne nous privons pas du pôle lumineux offert par cette lutte incessante…celui qui nous rappelle aussi qu’ensemble il est parfois possible d’agir et donc d’un peu moins subir. Quelques copains du « mec » en question on écrit une p’tite chanson gaie et pleine d’espoir qui doit raconter à peu près la même chose :
« C’est un cri de ralliement
Que l’on n’oublie jamais si on l’entend
Plus fort qu’un cri, c’est un chant
Qui s’inscrit en nous si on l’apprend
Mais les mots, c’est pas suffisant
Il faut aussi des gestes évidemment
Parce que chanter seulement
Ça ne fait pas avancer énormément
{Refrain:}
Foyalé
La main c’est fait pour donner
Foyalé
Les pieds c’est fait pour bouger
Foyalé
Deux bras pour serrer
Ma force pour t’aider
Ma tête pour y penser
Et mon coeur pour t’aimer
J’ai mal là, j’ai mal ici
Celui qui reste assis se plaint souvent
Si ta vie peut sauver des vies
Vas-y, fais donc un pas en avant
{au Refrain} »
Bonne et heureuse année 2010 à toi et tous les tiens.
Longue vie au blog.
Nous fêtons aujourd’hui les 5 années du blog « Actu » !!!!!
Amicalement
Très belle note. Je mets un lien.