Ils en ont assez de ne lire que misère et catastrophes à propos de l’Afrique. Ils ne supportent plus de voir leur continent associé à tous les fléaux de la planète : guerres, épidémies, pauvreté, dictature, immigration clandestine et meurtrière, corruption etc. Impuissants à faire, à eux seuls, la révolution, l’écrivain djiboutien Abdourahman Waberi et le cinéaste béninois Sylvestre Amoussou ont, par une étonnante coïncidence, inventé simultanément deux nouvelles Afriques plus propices à satisfaire leurs aspirations et qui se ressemblent étrangement.
Leurs œuvres ont été présentées au public presque en même temps, au début de l’année 2006, au moment où les Noirs de France ont commencé – enfin – à faire entendre leur voix. Egalité des chances, renversement des idées reçues, création d’un univers nouveau dans lequel la place de chacun est respectée, ce sont les arguments développés dans le livre de Waberi et le film d’Amoussou, deux « Néo-Français », c’est-à-dire issus de l’immigration et installés en France depuis de nombreuses années.
Tous deux ont conçu, l’un avec des mots, l’autre avec des images, un monde où les rôles sont renversés, une fête des fous à l’échelle étatique.
Dans Aux Etats-Unis d’Afrique, Waberi décrit l’Afrique comme une prospère fédération, riche d’autant de mégalopoles qu’elle compte d’Etats, dotée de savants mondialement reconnus, d’artistes célèbres dont les œuvres s’arrachent à prix d’or etc. Sa capitale est Asmara, en Erythrée. Ce pays de Cocagne fait rêver les démunis de la planète, les malheureux ressortissants d’Euramérique. Sans-travail, sans-terres, sans-pain, sans-domicile-fixe, les Euraméricains fuient comme ils peuvent leur misérable condition, boat-people affamés qui viennent s’échouer à moitié morts sur les belles plages de sable blanc, de l’autre côté de la Méditerranée.
Le long-métrage de Sylvestre Amoussou, Africa Paradis, raconte les tribulations d’Olivier et Pauline, deux Français que la misère chasse sur les routes de l’immigration clandestine vers les Etats-Unis d’Afrique. A peine arrivés, dénoncés par des passeurs véreux, ils sont arrêtés et incarcérés dans un centre de transit, avant d’être expulsés à nouveau vers la France. Olivier parvient à s’échapper et entame une vie de fuyard, tandis que sa compagne s’engage comme bonne à tout faire dans une famille bourgeoise, un brin raciste…
« C’est une autre manière de parler du monde actuel, explique Abdourahman Waberi. Je suis fatigué de cet espace français où, même lorsqu’on se fait plus normand que les Normands, on ne parvient jamais à la pleine intégration. A la différence de Londres ou d’Amsterdam, qui sont des cités-Etats passées hors de leur clôture nationale même si elles restent des capitales, le jacobinisme parisien a rendu la France sourde et aveugle à la société moderne, qui est profondément cosmopolite et pluri-culturelle. » Par un habile détours dans la fiction, ces deux auteurs d’origine africaine revendiquent aujourd’hui, à travers des œuvres qui interpellent le public blanc en remettant en cause ses certitudes, leur qualité de Français.
Ca y est, patron ! J’ai trouvé !
– C’est bien, mon bon, c’est bien. Alors…
Je le savais deja mais je ne peux resister a l’envie de le repeter: j’adore vous lire!
Je vais contacter l’Institut Francais de Londres pour voir s’ils peuvent m’aider a trouver tout ca…
Que voici donc, Fernand, un commentaire sybillin… Mais je sais qui vous êtes et ne saurais que recommander votre Blog à quiconque se piquerait de curiosité : http://hrundi.blog.lemonde.fr
Fernand fait du mauvais PR pour son Hrundi de patron: il a oublié de vous dire qu’il a egalement sorti un ouvrage.
Si, si!!
Sans laisser forcément de commentaires, je viens te lire régulièrement avec intérêt.
Arrivée sur ce billet sous la recommandation de Théo qui a commenté mon texte de la semaine sur « coïtus impromptus », je me découvre une très grande communauté de vues , de points de vue, de ressentis… avec vous. J’inscris votre blog dans mes favoris et je vais lire vos précédents billets dans les jours qui viennent. Je vais aussi essayer de trouver ou commander sans plus tarder « Aux Etats-Unis d’Afrique »!