Je suis z-allée z-à un mariage. Quel scoop, me direz-vous… Ah, mais attendez, ce n’était pas un mariage banal. Pas, mais alors pas du tout. D’abord question costumes. Le marié avait une veste noire à paillettes, très chic, mais un pantalon curieux avec une bavette boutonnée devant. La langue de vipère que je suis a tout de suite pensé que ça ressemblait à un petit tablier de serveur de restaurant. C’était rigolo, mais parfois, je ne comprends pas trop les concepts des créateurs de mode. La plus étonnante était la mariée. Fi de la robe blanche à traine (elle a raison, c’est franchement super-ringard) : elle portait un tailleur en chevron gris anthracite filet beige, à jupe princesse, avec une petite cape et un col montant en fourrure, cape qu’elle a bientôt remplacée par un tricot maison sur les épaules. Avec des bottines à lacets et talons bobine, elle ressemblait à une élégante du siècle dernier, chignon couture et pas de bijoux. Elle était vraiment très belle mais un peu austère, dirons-nous. Austère comme les gens du coin. Et comme le coin.
Car le mariage se déroulait dans les Landes. Oh, je sais, j’entends déjà vos commentaires « ah, les pins, les plages, Hossegor, le surf… » Alors, les pins, oui. Le reste non. Les pins, les pins, les pins, le long des routes, dans les champs, dans les maisons, les meubles, les tables, les chaises, partout et jusque dans mon assiette, sauf que je n’aime pas les pignons de pin.
La mariée habite au milieu des pins. Le premier voisin est, allez, pas à plus de quinze kilomètres… Un peu avant Mont-de-Marsan, triste bourgade et chef-lieu de canton, on quitte la pauvre route nationale qui file tout droit au milieu des pins pour une petite départementale qui serpente à travers les… devinez quoi. Au bout d’une vingtaine de kilomètres, on quitte la route goudronnée pour s’enfoncer sur une piste pleine de trous. Evidemment, tout autour il n’y a que des… (mais non, pas des chênes, suivez sinon vous allez vous perdre !!) et au bout du bout, il y a la maison.
Pour être tranquille, on est tranquille.
Y a rien.
Elle n’a même pas la télé, la malheureuse.
Je ne parle pas d’Internet…
Quant au téléphone portable, pas de souci : il n’y a pas de réseau.
A Mont-de-Marsan non plus, je vous rassure.
Enfin… pas beaucoup.
Bon, je reprends : après la cérémonie, la fête avait lieu dans cette maison du bout du bois. Vous l’aviez deviné, sinon je ne vois pas pourquoi une citadine comme moi se serait retrouvée dans un aussi improbable endroit.
Oui, je force un peu le trait, je ne suis pas aussi snob que ces mots peuvent le laisser croire. C’est juste histoire de plaisanter car franchement, je me demande comment cette jeune fille, belle, artiste, élégante, avec un goût exquis, a pu vivre plus de deux jours consécutifs dans un tel endroit. Je me souviens de ma propre expérience, lorsque je me suis mariée et installée dans les Bouches-du-Rhône, dans un mas isolé au milieu des champs. Je me faisais peur toute seule, le soir. Et pourtant, je voyais mon voisin à 500 mètres. Alors là, avec les hardes de sangliers qui font trembler la terre lorsqu’ils passent au galop près de la maison… Sans même une route ! Le facteur ne passe même pas, la boîte aux lettres est plantée à un détour du chemin à… 2 km !
Pour accueillir les invités, les chauffer et les éclairer à peu près, il a fallu installer un groupe électrogène dans le jardin. Sinon, passées deux ampoules allumées, le compteur ne suivait plus… Ah, il faut que je vous dise un mot des Landais. On dit que les Parisiens ont des têtes de chiens, parigots têtes de veaux, qu’ils ne sont pas aimables et très renfermés. Mais à côté des Landais, c’est de la petite bière. Ils sont taiseux, aurait dit ma grand-mère, qui était charentaise et bavarde. Même entre eux, ils ne se disent rien. Donc un mariage entre une Landaise et un Basque, vous imaginez le tableau… Déjà, il y avait les Basques d’un côté et les Landais de l’autre. On n’est pas au rugby, quand même. Tous, sagement assis, s’ennuyaient poliment sans rien dire. Drôle d’ambiance, sans blague. Moi non plus, je ne disais rien. Vous pensez bien, une Parisienne… Je n’avais pas envie qu’on me jette des pierres. Quant à expliquer qu’en fait, je suis née dans l’île de Ré… je n’aurais pas eu le temps ! Donc voilà.
On se regardait à la dérobée, juste pour passer le temps car ce n’était pas l’afflux des toilettes qui pouvaient entretenir l’intérêt. Des jeans, des robes banales, beaucoup de noir – moi y compris – et de gris souris. La petite Espagnole qui arborait une robe volantée couleur crème avec des chaussures montantes blanches trés étranges faisait figure d’Alien. Je me suis dis que bon, tant pis, j’allais me venger sur la bouffe, quitte à prendre 5 kilos dans la soirée. Parce que je préfère ne rien vous dire de la musique… Je me suis donc empiffrée joyeusement.
Punch aidant (un abreuvoir entier de punch ultra-sucré), l’ambiance s’est peu à peu dégelée. Vint le temps de ces bons vieux Rolling Stones, de Patti Smith et du hard rock. Résultat : j’ai passé une excellente soirée. Je n’ai pas beaucoup dansé, mais je me suis distraite. De toutes façons, je traîne un moral de plomb fondu depuis la mort d’André. Je ne rêve que d’être une huître dans sa coquille. Quoique par les temps qui courent, il ne fait pas trop bon être une huître…
J’ai fait quelques photos avec l’appareil de ma chère amie qui m’avait invitée (c’était le mariage de son fils !) pour me sortir, justement, de mon parc (à huîtres). Si vous êtes gentils, je vous en posterai… A CONDITION QU’ELLE ME LES ENVOIE ! (message personnel !!).
Ça m’a rappelé certaines soirées aux Antilles, pas tellement pour l’ambiance, mais pour ce sentiment de se sentir étranger…
Alors oui, la bouffe et l’alcool, parfois, ça aide.
J’aimerais bien qu’un ou une Landaise te démente ! Et nous parle de leur joie de vivre et de leurs bavardages !
Tu es peut-etre tombée sur les seuls Landais taiseux et renfrognés. Qui sait ?
Bon, d’accord, ce n’était pas « causeux », mais les « merveilles maison », ça, c’était fameux !!!! .
Excellent compte-rendu ! Tu sais que c’est « par chez moi » ! Et j’ai de très bons amis dans les landes, donc, je confirme que c’est bien comme ça, la vraie vie dans le vrai Sud-Ouest.
J’attends les photos !
La sociabilisation par le punch, c’est tout sauf une légende.
Ca ma fait un peu penser d’ou je viens en Franche Comte, sans les pins!
Par contre je suis toujours le premier a dire que je n’aime pas les mariages, ce qui est vrai, ca m’ennuie toujours beaucoup d’etre invite a un mariage: tout ce monde qu’on ne connait pas, va y avoir combien de beaufs etc etc … mais a la fin -alcool aidant- je trouve toujours quelqu’un, voire un groupe avec qui danser frenetiquement et faire la fete.
Depuis 4 ans que nous habitons dans les Landes, je pense que la réalité est bien pire que ce que tu as pu appercevoir.
Ici, pauvreté intellectuelle et spirituelle assurée. Rien de bouge à Mont de Marsan que les rideaux des voisins curieux et avides de ragots. Mont de Marsan, ville de fonctionnaires, de militaires et de flics, est un pauvre village triste cerné par les pins. Quant aux trottoirs, ne m’en parle pas, car si tu n’as pas les yeux rivés au sol tu ramènes chez toi des crottes de toutes races de chien (pour les connaisseurs, MDM=Montagne De M….)
Quant aux sorties, les gens vont à l’océan faire les pingoins ou vont en Espagne faire le plein de clopes et de pastis. As-tu vu beaucoup de plaques 40 en dehors des Landes?
PS: Comme 70% des habitants ici, ta copine risque bien de divorcer après 5 ans, mais me diras-tu, celà fut son choix!
Minos
Coucou!
Bne moi je suis landaise vivant à Paris depuis 3 ans et même s’il y a du vrai dans ce que tu dis, je trouve que c’est un poil exagéré.
Dire que Mont de Marsan est triste est vrai (peu de vie culturelle, beaucoup de beaufs). C’est aussi vive le rugby et rugbymen et on a l’impression que si on n’aime pas ça, on est pas normal! On est rapidement exclu des groupes de beaufs si on est pas lié au rugby, au foot, ou aux « bandas » (remarque c’est pas un mal d’en être exclu). C’est pas sans raison que j’en suis partie. Je m’y ennuyai et ne me sentai pas sur la même longueur d’ondes.
Mais sinon, je peux t’assurer qu’il y a des tas de gens bien et bavards (moi par exemple LOL). On a également du réseau pour téléphoner et on a même internet (hihihihi) ainsi qu’un facteur. Personnellement, j’aime beaucoup nos paysages de pins et les plages de la côte. Je trouve ces paysages bien reposants lorsque l’on arrive de Pari$ et je suis ravie de m’y ressourcer plusieurs fois par an. C’est quand même beau l’océan…
Voilà mon avis de landaise parisiene d’adoption (Je suis folle de Pari$ et les landais on du mal à le comprendre…).
Bises à toi
Je te laisse paris et je garde mes pins.
Je me permet quelques commentaires sur ton article, je suis tombée dessus par hasard car mon mariage sera un mariage landais et google réserve parfois des surprises.
Les citadins convaincus m’ont toujours paru vivre dans un autre monde et je vois que c’est le cas.
Ce n’est pas bien grave tant que tout le monde vit dans un monde qui lui plait.
Ton humour ne me convient pas. Mais il faut dire qu’il y a à peine 150 ans les parigots (je reprend ton expression, mais sache qu’elle est un peu dépassée) prenaient les landais pour des quadrumanes et pensaient qu’ils étaient un compromis entre l’homme et le singe.
Nous sommes le pays des pins, mais aussi celui de la bonne bouffe, de l’amitié et des ferias. Rien ne me fera croire le contraire.
Je reviens des fêtes de la Madeleine de Mont de Marsan où je me suis bien amusée et où tout le monde parlait à tout le monde (landais ou pas landais).
Si les mariés n’ont pas su mélanger les gens astucieusement ce n’est pas grave, pas besoin d’aller dans les landes pour se faire chier à un mariage.
Ah oui, j’ai internet, d’ailleurs je suis webmaster et mon niveau d’instruction est assez élevé. Quelquefois je dois me résoudre à batailler avec un 52k, mais qu’importe, les Landes c’est ma terre et je préfère ça à la ville c’est ainsi.
Dans les Landes il y a des gens formidables et conviviaux, j’espère que tu auras la possibilité et l’ouverture d’esprit suffisante pour profiter un jour d’un peu plus que de simples paysages de carte postale.
Une imbécile heureuse qui est née quelque part ^_^
PS : je n’ai pas la force de lire les commentaires. J’ai vu vite fait « pauvreté intellectuelle »…
Il y a 2 semaines j’étais à une conférence à Labouheyre, à un vernissage de photos.
Perso, cette région m’enrichit de jour en jour.
Bienvenue à la polémique.
Je regrette toutefois que ma détractrice n’ait pas cru bon de laisser honnêtement ses coordonnées. Ce message n’est donc qu’une lettre anonyme.