Le 19 juin 1953, Julius et Ethel Rosenberg étaient exécutés, à Sing Sing (Etats-Unis), accusés d’avoir communiqué à l’URSS les plans de la bombe A, le fameux Manhattan Project. Ils avaient respectivement 37 et 35 ans et laissaient derrière eux deux enfants de 10 et 6 ans, Michael et Robert. Leur condamnation, en 1951, n’avait pas fait grand bruit, si ce n’est qu’elle avait réjoui le sénateur Joseph McCarthy qui, à la tête d’une commission d’enquête sénatoriale , dénonçait à qui mieux mieux d’hypothétiques infiltrations communistes dans l’administration, le monde des médias et les milieux artistiques. La guerre froide était lancée depuis 1946 et les Américains étaient en pleine chasse aux sorcières.
En 1952, l’affaire Rosenberg connait un spectaculaire rebondissement. Les communistes déclenchent une campagne mondiale pour les soutenir, affirmant qu’ils ne sont pas coupables et que le principal témoin à charge, David Greenglass, frère d’Ethel, a subi des pressions du FBI. L’opinion publique s’enflamme. Des deux côtés de l’Atlantique, communistes mais également libéraux de gauche et de droite plaident la clémence. Jusqu’au pape Pie XII qui s’en mêle. De grands écrivains français prennent leur plume : François Mauriac, Jean-Paul Sartre…
Les minutes du procès sont publiées, révélant l’iniquité des juges. Dans Les Temps modernes, mon cher maître ès journalisme, René, (dont je vous ai déjà parlé dans Le craquettement) publie un long article qui s’achève sur une très belle phrase : "On n’a pas condamné les Rosenberg parce qu’ils étaient coupables, mais pour qu’ils soient coupables."
Personne n’imagine encore qu’ils puissent être exécutés. Mais le président américain de l’époque, Dwight Eisenhower, se hâte… Scientifiques, juifs, mais surtout communistes, il faut mettre un terme à ce scandale.
René s’est souvenu de cet épisode lors du décès, le 6 mai, de l’ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, Claude Julien. Un hommage assez plat est paru dans le quotidien Le Monde, sans mentionner l’ancienne appartenance de Julien au Comité français Rosenberg. Il est vrai que, de nos jours, il ne fait plus bon rappeler cette affaire. En 1990, les archives soviétiques ont laissé filtrer des informations tendant à prouver que les Rosenberg étaient effectivement coupables. Une fois encore, les intellectuels français auraient été manipulés par les staliniens soviétiques… hélas !
« Je me souviens que chez moi, on parlait beaucoup de cette affaire…
N’y avait-il pas eu un film, dans les années 75? Une chanson? Il me
semble qu’en effet, le sujet dans ces années-là, était revenu dans
l’actualité…
Comme toi, j’ai été assez troublée d’apprendre qu’ils étaient bel et
bien coupables (info ou intox?) »
Bonjour
Je ne me souviens pas d’une chanson pour les Rosemberg , mais d’une chanson relative au procès et à l’exécution de Sacco et Venzetti dont la culpabilité fait doute , il me semble que Joan BEAZ chantait « la balade de Sacco et Venzetti »
« les Rosenberg étaient effectivement coupables »!!!
Soutenez-vous que les Rosenberg méritaient leur condamnation à mort ?
cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethel_et_Julius_Rosenberg
« Les personnes qui souhaitent aujourd’hui la révision de ce procès s’appuient essentiellement sur les arguments suivants :
« L’horrible fumée sortie de la tête d’Ethel Rosenberg »…
Le faux témoignage (avéré depuis 2001) de David Greenglass, frère d’Ethel…
L’hystérie collective du MacCarthysme…
Où situer la manipulation, dès lors ?
Cordialement.
Cela peut vous intéresser :
La compagnie Par les Mots et Merveilles reprend un spectacle que j’ai adoré :
« Jusqu’au bout de la vie » , que j’ai vu en 2005 .
Ce spectacle se jouera du 19 au 29 janvier dans un lieu magique à découvrir : Le Musée des Lettres et Manuscrits, 8 rue de Nesle, 75006 Paris.
La pièce est basée sur les dernières lettres de prison échangées entre les époux Desmoulins (Camille et Lucile) et 150 ans plus tard celles des époux Rosenberg.
Ce spectacle ne tente pas d’aprouver ou désaprouver les actions des deux couples historiques, mais exprime leur amour de la vie et l’étrange sililitude de leur destin.
Vous pouvez consulter le site http://www.jusquauboutdelavie.com
J-y retournerai avec plaisir.
L’affaire Rosenberg
Ou je peux me procurer se film la on le cherche deja depuis un bout merci
Je vous conseille de lire mon article :
« Il est aujourd’hui définitivement établi que les époux Rosenberg étaient coupables. Et qu’ils auraient pu échapper à la peine de mort…
Cette année a paru le livre de Florin Aftalion intitulé La Trahison des Rosenberg (J.-C. Lattès, 2003). Ce livre établit définitivement – s’il en était besoin – la culpabilité des époux Rosenberg qui avaient été exécutés pour espionnage malgré les manifestations de soutien en leur faveur un peu partout dans le monde. Retour sur les faits.
LA PEUR DES ROUGES ET LE MCCARTHYSME
Il faut d’abord se replacer dans le contexte de l’époque. Dès la Seconde Guerre mondiale, le Federal Bureau of Investigation (FBI), dirigé par Hoover depuis 1924, est chargé d’enquêter sur les fascistes et les communistes qui font planer une menace sur les institutions américaines. Hoover constitue un grand nombre de fichiers pour ceux qui manifestent des sympathies pour l’Allemagne, l’Italie ou les communistes.
Au lendemain de la guerre, le 25 novembre 1946, le président Truman charge une commission temporaire d’enquêter sur la loyauté des fonctionnaires fédéraux. Sont déloyaux ceux qui se révèlent être des partisans du fascisme, des communistes et du totalitarisme. Puis en 1950, l’International Security Act étend les pouvoirs du FBI et donne plus d’ampleur aux fichiers. Le 9 février 1950, le sénateur McCarthy prononce un discours à Wheeling, en Virginie occidentale, dans lequel il dénonce la mainmise des communistes sur le département d’Etat. La période de la violente campagne anticommuniste qui s’étend de 1950 à 1954 aux Etats-Unis est ainsi appelée mccarthysme.
En effet, si le parti communiste américain est faible numériquement, son influence est forte. Il l’exerce dans les syndicats, l’enseignement, les milieux intellectuels, les médias. Une « peur des rouges » s’empare de l’Amérique. L’idée que les espions sont partout est réelle et explique, pour l’opinion publique américaine, les récents événements à l’étranger : le triomphe de Mao Zedong en Chine en 1949 et l’explosion de la première bombe atomique soviétique la même année.
C’est dans ce contexte que l’affaire Rosenberg survient : lorsque les époux Julius et Ethel Rosenberg, couple de juifs new-yorkais, sont arrêtés en février 1950, cela ne fait que renforcer la peur des rouges. Le procès des Rosenberg s’achève le 29 mars 1951 : les deux accusés sont reconnus coupables d’espionnage au profit de l’URSS. Le 5 avril, ils sont condamnés à mort. Le 19 juin 1953, ils meurent sur la chaise électrique.
« L’AMERIQUE A LA RAGE »
C’est seulement au milieu de l’année 1952 que les communistes décidèrent de mener une campagne destinée à sauver les Rosenberg. Cette campagne fustigeait par la même occasion l’antisémitisme du pouvoir américain.
Les intellectuels français se sont d’ailleurs lancés dans un antiaméricanisme très virulent, les uns évoquant « l’hystérie collective » et « l’anticommunisme frénétique » régnant aux Etats-Unis, les autres dénonçant un « meurtre collectif ». Jean-Paul Sartre pour sa part parle de « meurtre rituel » et explique : « Ne vous étonnez pas si nous crions d’un bout à l’autre de l’Europe : « Attention, l’Amérique a la rage. » »
Une première remarque nous amène à souligner le fait que Sartre n’était pas dérangé par les crimes perpétrés à l’Est et les millions de victimes du communisme. Mais surtout, et c’est la seconde remarque, l’idée – fausse – selon laquelle les Rosenberg étaient innocents a été très en vogue.
DE RADOSH A FEKLISSOV, EN PASSANT PAR LA CIA
Dès la fin des années 1970 en effet, un partisan des Rosenberg, l’Américain Ronald Radosh, a établi le fait que Julius Rosenberg était un espion.
Puis, en juillet 1995, la CIA dévoile l’affaire Venona qui était une opération qui devait aboutir au décryptage des messages radio soviétiques. Et il apparut que Julius Rosenberg agissait en tant qu’espion pour l’URSS depuis 1942 sous les pseudonymes de « Liberal » et « Antenne ».
Ensuite, en 1999, Alexandre Feklissov, qui a été officier supérieur du KGB entre 1939 et 1986, publiait ses Mémoires (1) dans lesquels étaient confirmées les accusations que le FBI avait formulées lors du procès de 1951. Feklissov écrivait aussi que le réseau de Julius Rosenberg était « l’un des […] plus performants de l’histoire du renseignement technologique soviétique ».
Et en 2003, le livre de Florin Aftalion démontre clairement que Julius Rosenberg a joué un rôle important d’espion, dirigeant un réseau qu’il avait lui-même mis sur pied. Ce réseau se consacrait notamment à l’espionnage atomique : des agents opéraient dans le centre de Los Alamos (Nouveau-Mexique) où la bombe atomique était fabriquée. Des agents ont aussi microfilmé un grand nombre de documents et ont transmis des milliers de pages aux Soviétiques. En particulier, 9 000 pages de documents jugés « très précieux » par les Soviétiques.
LE FASCISME AMERICAIN, VOILA L’ENNEMI
Ethel Rosenberg était tout à fait au courant des activités de son mari, ce qui ruine la thèse selon laquelle elle serait totalement innocente. Un télégramme de Venona la mentionne même en ces termes : « Une personne dévouée ».
Arrêté, Julius Rosenberg a toujours eu la possibilité d’avouer : un téléphone était situé juste à côté de la chaise électrique. Il aurait pu ainsi avoir la vie sauve et sauver celle de son épouse également. Mais il était enfermé dans son univers. Ce partisan du communisme stalinien était animé par sa lutte contre le nouveau fascisme (les États-Unis). Il a préféré mourir en martyr. Quitte à entraîner sa femme avec lui.
Note
(1) KOSTLINE Serguei et FEKLISSOV Alexandre, Confessions d’un agent soviétique, Monaco, Le Rocher, 1999″
Il est aujourd’hui définitivement établi que les époux Rosenberg étaient coupables. Et qu’ils auraient pu échapper à la peine de mort…
Cette année a paru le livre de Florin Aftalion intitulé La Trahison des Rosenberg (J.-C. Lattès, 2003). Ce livre établit définitivement – s’il en était besoin – la culpabilité des époux Rosenberg qui avaient été exécutés pour espionnage malgré les manifestations de soutien en leur faveur un peu partout dans le monde. Retour sur les faits.
LA PEUR DES ROUGES ET LE MCCARTHYSME
Il faut d’abord se replacer dans le contexte de l’époque. Dès la Seconde Guerre mondiale, le Federal Bureau of Investigation (FBI), dirigé par Hoover depuis 1924, est chargé d’enquêter sur les fascistes et les communistes qui font planer une menace sur les institutions américaines. Hoover constitue un grand nombre de fichiers pour ceux qui manifestent des sympathies pour l’Allemagne, l’Italie ou les communistes.
Au lendemain de la guerre, le 25 novembre 1946, le président Truman charge une commission temporaire d’enquêter sur la loyauté des fonctionnaires fédéraux. Sont déloyaux ceux qui se révèlent être des partisans du fascisme, des communistes et du totalitarisme. Puis en 1950, l’International Security Act étend les pouvoirs du FBI et donne plus d’ampleur aux fichiers. Le 9 février 1950, le sénateur McCarthy prononce un discours à Wheeling, en Virginie occidentale, dans lequel il dénonce la mainmise des communistes sur le département d’Etat. La période de la violente campagne anticommuniste qui s’étend de 1950 à 1954 aux Etats-Unis est ainsi appelée mccarthysme.
En effet, si le parti communiste américain est faible numériquement, son influence est forte. Il l’exerce dans les syndicats, l’enseignement, les milieux intellectuels, les médias. Une « peur des rouges » s’empare de l’Amérique. L’idée que les espions sont partout est réelle et explique, pour l’opinion publique américaine, les récents événements à l’étranger : le triomphe de Mao Zedong en Chine en 1949 et l’explosion de la première bombe atomique soviétique la même année.
C’est dans ce contexte que l’affaire Rosenberg survient : lorsque les époux Julius et Ethel Rosenberg, couple de juifs new-yorkais, sont arrêtés en février 1950, cela ne fait que renforcer la peur des rouges. Le procès des Rosenberg s’achève le 29 mars 1951 : les deux accusés sont reconnus coupables d’espionnage au profit de l’URSS. Le 5 avril, ils sont condamnés à mort. Le 19 juin 1953, ils meurent sur la chaise électrique.
« L’AMERIQUE A LA RAGE »
C’est seulement au milieu de l’année 1952 que les communistes décidèrent de mener une campagne destinée à sauver les Rosenberg. Cette campagne fustigeait par la même occasion l’antisémitisme du pouvoir américain.
Les intellectuels français se sont d’ailleurs lancés dans un antiaméricanisme très virulent, les uns évoquant « l’hystérie collective » et « l’anticommunisme frénétique » régnant aux Etats-Unis, les autres dénonçant un « meurtre collectif ». Jean-Paul Sartre pour sa part parle de « meurtre rituel » et explique : « Ne vous étonnez pas si nous crions d’un bout à l’autre de l’Europe : « Attention, l’Amérique a la rage. » »
Une première remarque nous amène à souligner le fait que Sartre n’était pas dérangé par les crimes perpétrés à l’Est et les millions de victimes du communisme. Mais surtout, et c’est la seconde remarque, l’idée – fausse – selon laquelle les Rosenberg étaient innocents a été très en vogue.
DE RADOSH A FEKLISSOV, EN PASSANT PAR LA CIA
Dès la fin des années 1970 en effet, un partisan des Rosenberg, l’Américain Ronald Radosh, a établi le fait que Julius Rosenberg était un espion.
Puis, en juillet 1995, la CIA dévoile l’affaire Venona qui était une opération qui devait aboutir au décryptage des messages radio soviétiques. Et il apparut que Julius Rosenberg agissait en tant qu’espion pour l’URSS depuis 1942 sous les pseudonymes de « Liberal » et « Antenne ».
Ensuite, en 1999, Alexandre Feklissov, qui a été officier supérieur du KGB entre 1939 et 1986, publiait ses Mémoires (1) dans lesquels étaient confirmées les accusations que le FBI avait formulées lors du procès de 1951. Feklissov écrivait aussi que le réseau de Julius Rosenberg était « l’un des […] plus performants de l’histoire du renseignement technologique soviétique ».
Et en 2003, le livre de Florin Aftalion démontre clairement que Julius Rosenberg a joué un rôle important d’espion, dirigeant un réseau qu’il avait lui-même mis sur pied. Ce réseau se consacrait notamment à l’espionnage atomique : des agents opéraient dans le centre de Los Alamos (Nouveau-Mexique) où la bombe atomique était fabriquée. Des agents ont aussi microfilmé un grand nombre de documents et ont transmis des milliers de pages aux Soviétiques. En particulier, 9 000 pages de documents jugés « très précieux » par les Soviétiques.
LE FASCISME AMERICAIN, VOILA L’ENNEMI
Ethel Rosenberg était tout à fait au courant des activités de son mari, ce qui ruine la thèse selon laquelle elle serait totalement innocente. Un télégramme de Venona la mentionne même en ces termes : « Une personne dévouée ».
Arrêté, Julius Rosenberg a toujours eu la possibilité d’avouer : un téléphone était situé juste à côté de la chaise électrique. Il aurait pu ainsi avoir la vie sauve et sauver celle de son épouse également. Mais il était enfermé dans son univers. Ce partisan du communisme stalinien était animé par sa lutte contre le nouveau fascisme (les États-Unis). Il a préféré mourir en martyr. Quitte à entraîner sa femme avec lui.
Note
(1) KOSTLINE Serguei et FEKLISSOV Alexandre, Confessions d’un agent soviétique, Monaco, Le Rocher, 1999
Je constate qu’ils étaient coupables mais pense qu’ils ne méritaient pas la peine capitale. Cette affaire montre hélas jusqu’où peut allet le fanatisme aveugle conditionné par une propagande éhontée. Je cherche aussi le film de cette affaire. je l’ai vu dans la fin des années 60 ou début 70, mais ne m’en rappelle ni le titre ni les interprètes. Qui pourra nous aider?
Quelqu’un sait-il où je pourrais me procurer le film ?