Mon grand garçon est parti en Australie. Cela fait des mois que nous en parlions. Il a traversé, en ordre dispersé, toutes les étapes d’élaboration : l’engouement (« il faut que je parte avant le 10 »), puis le désintérêt (« bof, à quoi ça va servir »), la relance du projet à deux (« et si j’y allais avec ma petite amie »), le défi (« j’y vais pour faire fortune ») et le rêve (« il n’y a que là-bas que je peux travailler dans le monde du surf »). Finalement, comme j’insistai sur la nécessité de trouver une activité, professionnelle s’entend, et rémunérée évidemment, l’Australie a fini par s’imposer comme une solution intéressante et quelque peu exotique dans l’esprit de mon jeune homme. Les études ne l’intéressent pas, pour ne pas dire qu’elles l’ennuient profondément. Par miracle, j’ai tenu bon au cours des dernières années et il a fini par obtenir son bac (pro). Dès cet instant, j’étais rassurée : si le coeur lui en dit, il pourra toujours revenir sur les bancs d’une quelconque école, où qu’elle soit.
Il a quand même fallu à mon champion des jeux vidéos une ascèse de moine : deux mois à travailler (dans l’île de Ré, on peut rêver pire bagne…) dans une boulangerie, où il a fait des sandwiches et des croque-monsieur par centaines. J’ajoute à cela un mois de septembre à Paris, où il a tourné en rond, ne sachant quelle option prendre mais avec, en perspective, le voyage qui s’imposait de plus en plus comme une réalité.
Il arriva donc un beau jour (enfin beau… tout est relatif) où, à la suite d’une discussion un peu « serrée » sur l’avenir des jeunes de 21 ans qui habitent encore chez leur mère et se lèvent à 4 heures de l’après-midi, le billet fut acheté. C’était, de ma part, un cadeau d’anniversaire non consommé, que j’ai complété par un petit supplément, histoire de prendre toutes les assurances nécessaires et d’avoir de quoi s’acheter un petit sandwich à l’aéroport.
Voilà maintenant quatre jours que mon fils est parti. Quand je suis rentrée de l’aéroport, la maison m’est apparue singulièrement vide. Plus vide que lorsqu’il allait chez son père, ou chez son amie. D’un coup, le silence s’était fait plus silencieux. C’est l’absence. L’éloignement. Le temps qui s’étire désormais d’une autre façon. Curieuse impression… Je ne me souviens plus de ce que mon amie américaine disait à propos des enfants qui déménagent et du chien qui meurt… Mais cela revenait à dire qu’il y a un temps pour que les enfants s’éloignent de leurs parents. Ce temps, pour moi, est arrivé.
(photo : Marcel surfeur dans l’île de Ré, août 2012. Merci à la photographe…)

Bon, souviens toi que tu as des ami(e)s tu sais là ,ou il y a du miel ,des palombières ,des oeufs frais,du pâté basque ,du foie gras,des histoires à n’en plus finir avec des choses pas si graves mais qui nous brassent comme on dit ici
allez , pleins de bises
Il se peut que votre amie americaine a cite une observation du comedien, Bill Cosby qui disait , » Real life begins when the kids graduate from college and the dog dies… » – ou revenait a dire plus ou moins, » la veritable vie commence quand les enfants terminent leurs etudes et le chien meurt… ». Donc, apres avoir fait notre meillieur effort de realiser toutes nos responsibilites comme de bons parents, on peut finalement respirer et commencer a vivre notre prochain etape, n’est ce pas? Du courage! C’est a vous le tour maintenant….
Bien envie de partager cette peine avec toi. Un ami est celui qui se présente au bon moment pour partager tout. Toujours difficile les départs, je comprends bien. Prends bien soin de toi. Je suis certain que tu trouveras un peu de réconfort près de ta cheminée pendant l’automne si froide et pluvieuse de Paris.
Les gens qui parlent sans les mots sur le toit du monde sont toujours présents sans être là……
ahaaha
C’est bien le même (le fils) pour lequel vous aviez remué SNCF et Sernam pour emmener la planche de surf? (ce qui d’ailleurs est devenu « Le coup de la planche de surf »)
Le temps passe, décidément, mais les bons billets demeurent, nonobstant!
Bien à vous
Fabrice