Il a changé de taille plusieurs fois, ce chien. Il a même changé de race… Ou de famille, pour rester politiquement correcte. Mais toujours avec un grain d’exotisme : il a été un Akita, grand chien japonais blond avec une tête de petit renard et une queue en tire-bouchon. Puis il a été un teckel, un Dashhund, comme on dit dans son pays d’origine, la Grande Bretagne. De préférence à poil long, et beige par souci d’originalité. Mais il a été aussi un Bedlington, étonnant chien de taille moyenne qui ressemble fortement à un mouton irlandais. Et un lévrier barzoï, chien athlétique et malin, grand chasseur toujours empêché. Las… il est redevenu japonais finalement, non seulement pour l’attrait que représente ce pays, mais aussi parce que c’est un chien de grande taille, calme, à la démarche lente et quelque peu majestueuse bref, un vrai chien.
Comme les amis imaginaires que l’on se fait vers l’âge de 7 ou 8 ans, ce chien a parfois un nom. Aussi l’Akita s’est-il appelé Sumo, et le Barzoï Oufa, ville moyennement connue de l’Oural. C’est toujours un chien sympa, qui marche librement sans laisse, et sans velléité de croquer son congénère, pas même le hideux boudin de la gardienne qui, quoi qu’on en dise est quand même un être vivant.
Vivant, le e-chien ne l’est pas. Il est juste imaginaire. Il accompagne son maître imaginaire lors de ses sorties en forêt, et même sur les trottoirs parisiens. On l’a même découvert en vélib’ et dans un vélo-cargo. Compagnon silencieux, propre et toujours de bonne humeur, il est une forme d’idéal, un absolu en rupture d’imagination. Un ami.