Il y a, quelque part dans le monde, une île. Sur cette île, il y a une maison. Non… pas celle à laquelle vous pensez, celle qui est bleue, mais une autre, accrochée elle aussi à la montagne. Celle-ci n’appartient qu’à moi, et au rêve que je fais, étrange et pénétrant, d’y retourner un jour. On y vient à pied, au bout d’une longue allée qui grimpe raide. Une petite porte sans prétention s’ouvre sur la droite et d’un seul coup, on est dans un autre monde.
C’est une maison toute simple : une terrasse, une grande pièce en bas avec une cuisine rudimentaire. On y vit pieds nus. A l’étage, il y a une grande chambre pour les amoureux avec un lit immense et haut sur pattes. Les voiles moustiquaires qui le protègent frémissent voluptueusement au moindre souffle de vent. Au plafond, le brasseur d’air indique que la chaleur, parfois, monte. De ce lit, on doit voir la mer. Peut-être même les étoiles, à l’horizon. La salle de bain est extraordinaire : dotée elle aussi d’une porte-fenêtre qui s’ouvre sur la seconde terrasse, elle invite l’océan tout entier à entrer sous la douche. Une plus petite chambre est destinée aux invités (comme si les amoureux pouvaient avoir des invités… mais cela dit, ils peuvent avoir des enfants).
La décoration est partout très simple. Quelques tableaux aux murs, des coquillages posés dans des vasques. Une statue de pierre, sculptée par un hôte de passage pour le maître des lieux. Des pierres ramassées le long de la plage. Le stock de lampes à huile prouve que l’électricité est intermittente et les panneaux solaires, capricieux.
Depuis les terrasses, le regard plonge sur un jardin en friche, où les oiseaux et les papillons sont les seuls maîtres. Sur la gauche, un flamboyant immense brille de tous ses feux. Il est rare de voir un flamboyant du dessus, à moins de survoler la canopée en aéronef. Mais le morne est abrupt et l’arbre encore jeune. Dans quelques années, il sera à la hauteur de la fenêtre.
Cette maison, tout mon désir y est concentré. Désir d’y vivre en harmonie, avec simplicité et beaucoup d’amour. Désir de lire, d’écrire. Le matin, des pêcheurs passent sur la grève avec les homards et les poissons attrapés dès l’aube. On peut les leur acheter et les griller chaque jour, avec la petite sauce qui va bien, manger des avocats au citron avec de l’ail, et des papayes mûres cultivées avec amour, cueillies à maturation par des mains expertes et venues tout droit en voiture, par le haut de la montagne, de la plaine du Cul-de-sac.
Il est toujours permis de rêver. Ce qui est difficile, c’est de transformer le rêve en réalité. Mais chaque vie ne se vit qu’une fois. Soyons exigeants, demandons l’impossible. C’était un slogan de mai 1968 à Paris. J’étais petite, à cette époque, et je ne vivais même pas à Paris. Pourtant, je suis sûre que c’est comme cela qu’il faut résister.



Toujours sur le toit du monde. Pour se dire des choses. Enfin j ai pu connaitre cette maison. Je l’ai ratée. Aussi petite déception de ne pas être bénéficiaire de ce lieu paradisiaque. Patience et fruits se sont croisés pour faire alliance et converger à la résultante. J y ai pénétré, cette maison est vivante. Elle m a tout dit. A tout risque, en flanc de montagnes, on grimpe, respire, solitude mais oui avec la petite.
Enfin quoi dire de plus: l’étoile de mer nordique a rencontré la mer des Caraïbes
De cette ile
La maison est toujours là, mais un petit portail en fer forgé barre désormais son accès!