Il y a quelques mois, un camarade m’envoie un petit texte, pour que nous jouions au "cadavre exquis". Je ne vous propose pas de le lire car, outre le fait que le style pèse deux tonnes et demi et que vous allez vous endormir avant la fin, il ne s’y passe rien. C’est, hélas, un assemblage de poncifs destinés à mettre en valeur les performances faiblissantes d’un type en manque caractérisé d’imagination et qui voudrait bien se rassurer. Vous voyez le tableau : deux personnes (l’inévitable couple) sont dans une petite pièce et il fait chaud. C’était d’une banalité si affligeante que, paradoxalement, ça m’a inspirée. Peut-être parce queje préfère la cuisine épicée… Voici donc la suite :
« Je la mordrais bien. Cette peau de satin mat, impavide et muette, me tente terriblement. J’ai envie d’y enfoncer mes dents, de me repaître de cette odeur fade, entêtante, enivrante du sang frais. Elle ne frissonne même pas tant l’air brassé est lourd, chaud, si moite qu’il en est presque palpable. Il fait voleter une petite mèche de ses cheveux, toujours la même. Elle n’en a cure. Pourtant, elle ne dors pas. J’ai croisé son regard tout à l’heure. C’est pour cette raison que je me tiens coi, dans la pénombre. Je la regarde avec ces yeux avides que vous me connaissez. J’attends. Il est trois heures quarante-cinq, le matin est encore loin. Elle ne tiendra pas, coincée ainsi contre le mur. Soit elle s’assoupira, soit elle se lèvera pour partir. Dans un cas comme dans l’autre, je tenterai ma chance. Je la mordrai par surprise. Elle n’aura pas le temps de faire un geste. Elle ne verra même pas mon attaque. Lorsqu’elle sentira ma morsure, ce sera trop tard. J’attends. Je suis un moustique patient. »
Mon camarade n’a pas apprécié. "Irréaliste" a-t-il commenté. Bien vu, Sherlock Holmes, mais ce n’est peut-être pas complètement dénué d’intérêt, non ? Comme les règles du jeu m’apparaissaient quelque peu unilatérales et que les textes qui ont suivi étaient encore plus nuls que le premier, j’ai quitté le jeu.
Irréaliste ? Il n’a jamais eu le malaria ton camarade !
Ceci dit; tu n’as jamais pensé à écrire des scénarios de films d’horreur … tu sembles douée !
Bravo, j’ai beaucoup aimé
J’hésite à revenir ici, mais je prendrai le risque.
Eh non, mon camarade n’a jamais eu la malaria. Peut-être est-ce dommage, ça l’aurait fait délirer… Mais je ne veux pas me montrer plus méchante que je ne suis ! En revanche, je ne sais pas écrire de scénarios et c’est bien dommage, car j’ai inventé plein d’histoires horribles, à faire frémir Holoturie !
Rires … lance toi alors ! Essaie et fais nous voir … on te dira ce que l’on pense et Holoturie ira se coucher s’il a trop peur…
Moi aussi! La chute surtout m’a fait sourire…
Il avait une idée trop précise en tête… J’aime bien au contraire cette façon de détourner les règles et les attendus, cette espièglerie contre les clichés qu’il espérait peut être…
Il voulait faire l’amour virtuellement?
J’M.