Comme nombre de mes compatriotes, pour de pas dire de mes contemporains, je suis stupéfiée de ce qui se passe en Louisiane. J’ai séjourné, il y a quelques années, une grande semaine à la Nouvelle Orléans et une de mes amies les plus chères en est originaire. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai pu sortir des sentiers touristiques, découvrir la ville profonde et ses habitants. Mais je vous raconterai cela une autre fois.
Je suis atterrée par l’ampleur de la catastrophe humanitaire dont est victime la population. Il n’est, hélas, pas étonnant que le plus grand nombre de victimes soient pauvres (et noires, la catégorie socio-culturelle la plus défavorisée dans ce grand pays démocratique). C’est une norme planétaire, on l’a vu en Indonésie après le tsunami, en Iran ou en Turquie à chaque tremblement de terre, etc. Que les pouvoirs publics tardent à intervenir, que les secours soient désorganisés ne me semble pas non plus surprenant. Constante planétaire, encore une fois et je ne parviens pas à trouver rassurant qu’elle concerne aussi les Etats-Unis. On se gaussera, ou non, du fait que les Philippines ou le Pakistan envoient de l’argent. On comparera, ou non, le montant alloué par le Qatar (100 millions de dollars, si ma mémoire est bonne) avec celui octroyé par ce même pays au Niger affamé (100 000 dollars ou quelque chose dans ce genre-là).
Non, ce qui me semble le plus stupéfiant, c’est la réaction des Américains eux-mêmes. Ils se battent avec acharnement… entre eux. Armes à la main, ils pillent, règlent leurs comptes et se déchirent comme des fauves pour accéder à l’essence pour leur voiture, aux approvisionnements alimentaires, aux cars d’évacuation. C’est chacun pour soi et Dieu n’y est pour personne (et pour rien !) La Nouvelle Orléans transformée en gigantesque et sanglante foire d’empoigne, un chaos digne des pires films de série Z, le chaos, la violence et la peur. Au point qu’il faut dépêcher sur place les soldats surentraînés qui rentrent d’Irak. 30 000 militaires vont être déployés dans la région. "Ils savent comment tirer et tuer" commente Kathleen Blanco, le gouverneur de Floride. Et d’ajouter, sans un frémissement de ses cils convenablement maquillés : "Ils sont prêts à le faire et j’espère qu’ils le feront". On croit rêver.
Où sont la solidarité ? La fraternité ? la morale citoyenne ? Les fusils claquent pour un oui, pour un non, qu’elles que soient les mains qui les tiennent. Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Tragiquement juste!
je mets un lien.
Merci
Hélas, trois fois hélas ! Solidarité, fraternité, gratuit, sont devenus des gros mots dans la vulgate libérale…
Redonnons corps et vie à la simplicité et l’amour d’autrui, au partage. Se soucier des autres plutôt que les piétiner.
J’aime le « tous ensemble »… chacun avec ses différences mais solidaires.
Qui s’étonne et de quoi ?
D’une Amérique superpuissante dans le chaos ?
Mais de quel chaos parlons-nous ?
Celui des noirs et des pauvres ?
Cela à toujours été. La violence est un fait, mais qu’aurions-nous fait à leur place ? Etant noir, pauvre, qui le sait ?
Vous ?
Les armes sont monnaie courante en Amérique, ainsi que les guerres.
Mais la violence n’existe-t-elle pas dans d’autres pays ? Plus sournoise, moins suspecte ? La violence institutionnelle, comme le « tirer pour tuer » en Angleterre ne vous inspire rien ? Nous ne vivons plus, même en France, dans un pays libre et fraternel. Il n’y a qu’à regarder les médias.
Derrière les eaux troubles de Katrina le pire reste à venir.
Que vont devenir ces Noirs, ces pauvres dont la société ne veut plus, qu’elle n’a jamais voulu ?
N’oubliez pas, la violence institutionnelle avance à grand pas en France.
bjr stella , saches que ce réflexe archaique animal se produirait de la même façon en france à catastrophe égale bien entendu !à la seule différence que l’on peut espérer que le nombre d’armes y est ce est un peu moins grand .mais il n’y a pas que cet éclairage , des centaines de milliers de gestes de solidarité ont eu lieu et auront lieu , en tant que journaliste tu sait que toute généralisation est fausse , c’est ce que tu fais et je ne partage pas le contenu de ta note qui laisse à penser que tous les américains de ces regions se comportent de la sorte , quelle image tu en donnes !
Et quand je pense qu’on les appelle « les Réfugiés » ces pauvres noirs américains.
Eux se rebellent et disent nous ne sommes pas des réfugiés, mais des Américains.
Et leurs baisers au loin les suivent… ça c’est pour l’espoir 😉
Vos commentaires me laissent songeuse, comme beaucoup d’articles sur ce sujet que je lis en ce moment.
Alain a raison de dire que toute généralisation est fausse. Je donne une fort mauvaise image des Louisianais, à mon corps défendant d’ailleurs. Il se trouve que l’amie dont je parle en début de cette note, ainsi que sa famille et ses amis, sont l’exact contraire de cette image.