… tu dérobes ce livre,
Sache que tout fripon est indigne de vivre !
Je ne sais pas de qui sont ces deux alexandrins, mais je les placarderais bien en exergue de tous mes livres. Parce qu’il y a quelche chose qui m’énerve, mais alors… qui m’énerve vraiment, ce sont les indélicats qui empruntent des livres et ne les rendent pas.
J’habite un petit appartement et ma bibliothèque est répartie par moitié dans ma chambre et dans le salon. Ceux et celles qui viennent me voir sont donc obligatoirement en contact avec mes précieux bouquins. Non pas précieux par leur valeur marchande, ce sont pour la plupart des éditions de poche, mais par la charge émotionnelle qu’ils contiennent à la fois par leur contenu et par les souvenirs que chacun d’eux représente. Oui, je ne plaisante pas… Même si je suis l’heureuse propriétaire de plus d’un millier de titres, je sais exactement dans quelles circonstances j’ai lu celui-ci ou celui-là. Certains contiennent des photos, des fleurs séchées, des lettres, des dédicaces, bref, tous les livres, chez moi, sont très perso.
Donc, je ne les prête jamais.
Enfin presque.
Il y a les f.*wxz*!*? exceptions.
Mes amis savent que la fourmi n’est pas prêteuse. Ils ne me demandent pas. Quand ils s’y risquent, je réponds sans ambage un "non" gentil et teinté de regret, mais néanmoins ferme et définitif.
Mais il y a les autres, ceux qui viennent pour la première fois. Si,si, ça existe, des gens que je connais mais qui ne sont jamais passés chez moi ! Alors j’ai droit à : "Oh, la belle bibliothèque !" quand ce n’est pas "Ah ben, tu aimes bien les livres, toi…" Les goujats vont jusqu’à : "Ah oui, moi aussi j’ai beaucoup de livres de poche…" et je ne dis rien de ceux qui me sussurent : "… et tu les as tous lus ?…" parce que je n’ai encore rien trouvé de mieux à leur répondre que : "Ah non, pas du tout, je les achète au kilomètre pour tapisser les murs !".
Bon. Jusque là ça va quand même. Ce qui ne va pas du tout, c’est : "Oh, tu l’as celui-ci ?… Tu peux me le prêter, j’ai super-envie de le lire et il est épuisé en librairie…"
Alors, je me change en bûche, en oie, en dindon de la farce et je m’entends répondre d’une voix pâteuse : "mais oui, pas de problème…" Quand, vraiment, je sens le couteau du boucher s’approcher de mon cou, je glisse un caverneux "Tu le me rendras, hein…" Ce qui déclenche un inévitable "Mais oui, bien sûr, je n’oublie jamais les livres qu’on me prête !" Ah, c’est rassurant, tout de même. Une seule fois, je me suis entendue répondre "Bon, tu vas pas en faire un drame, c’est pas un lingot d’or tout de même, c’est un bouquin de poche !"
Ben oui, alors pourquoi tu ne te l’achètes pas, pignouf !
Tout ceci pour vous dire que je possèdais (oui, à l’imparfait) quelques titres de Jean-Patrick Manchette. Dans Le Monde d’il y a une ou deux semaines, j’ai appris qu’une réédition venait de sortir, chez Quarto. J’ai voulu me replonger dans les miens, pour savoir si j’apprécierais d’en lire d’autres… Plus de Manchette au rayon policier ! En plus, je ne sais même plus à qui je les ai prêtés.
Une oie avec un crâne de piaf, vous dis-je !
Et si tu mettais des anti-vols à tes bouquins ?
Tu as raison les odieux personnages qui ne rendent pas les livres ne méritent pas ton amitié.
Des anti-vols, c’est une idée… J’avais pensé aux barbelés, mais je crains que le chat Lilou ne se prenne les pattes dedans. Quant aux lignes électrifiées, ça consomme trop…
il est gonflé ,et manipulateur !
Chère camarade bibliophile
En ce qui me concerne je ne vous ai emprunté qu’un joli volume sur « Les promenades /passages littéraires à Paris » que j’ai restitué dans des délais… corrects. Le « coup de gueule » de cette « chronique » ne s’adressait donc pas à l’encontre d’un certain ou incertain prof à domicile « d’extrême gauche pour ne pas dire soviétique ou, pire, stakanoviste !! (hihi) dont nous tairons le nom ici par crainte de représaille sarkoziennes n’est ce pas
Etant aussi versé en bibliophilie frénétique (ces pages pleines d’encre au grand jamais ne consoleront le vide de nos âmes endolories…), j’avais un moment pensé à confectionner un tampon en ces termes : « si jai été assez gentil pour vous le prêter, soyez assez gentil pour me le rendre … » J’ai laissé tomber cette idée saugrenue en me disant qu’après tout, cette propension à se séparer des objets, en l’occurence nos opus favoris ou chéris, était le symptôme d’une soif de réinvestir la valeur être sur celle de l’avoir. Je suis ce que je lis, j’existe donc je lis (et pas seulement des mangas gggrrrrr!!!). A ce propos, j’écris mon premier roman : une biographie sur le premier champion du monde africain de l’histoire, un boxeur : m Barrick Phal, alias Battling Siki, et cherche des renseignements. Avis aux âmes charitables.
Bien à vous du fond du coeur
Laurent
Je découvre votre blog avec beaucoup d’intérêt. Je suis comme vous une amoureuse des livres et de la littérature (à peu près tous les genres, sauf « eau de rose » et autres c…). J’en achète un certain nombre d’occasion et de préférence, non des poches mais l’édition normale. J’en trouve parfois qui n’ont même pas été coupés !
Vous me donnez envie de lire Ulysse… J’avais essayé il y a déjà pas mal de temps. Ce n’était sans doute pas le bon moment et j’y pensais il y a peu. Ce doit être comme Proust ou Saint-Simon, une fois qu’on est rentré dedans on n’en sort qu’au mot fin ?
Je suis devenue comme vous ; j’évite de prêter (parfois je préfère donner, cela a le mérite d’être clair). C’est dommage car c’est contraire à ma conception de la culture, faite pour être partagée…
Dernier problème, celui de la place… Dans un 2 pièces, difficile de reculer les murs ! Il y en a même qui ont atterri dans des casiers sous la table.
Perso, j’ai déjà écrit ces vers sur mes livres préférés.Pour info, ils se concluent par:
Ce livre est à moi,
Comme Paris est au Roy
😉
Bonjour,
Et bien voilà qu’en cherchant qui avait écrit les deux alexandrins que vous citez au début de votre commentaire de 2005, je tombe sur celui-ci.
Pour moi c’est un vieux souvenir du lycée où j’avais lu dans un livre de la bibliothèque ce qui dans ma mémoire était resté ainsi :
SI TENTÉ DU DÉMON TU DÉVORES CE LIVRE
SACHE QUE TOUT GRIFFON EST INDIGNE DE VIVRE
Vos deux alexandrins sont plus compréhensibles, moins violent que les deux miens. J’ai le souvenir qu’ils étaient écrits manuellement au stylo ou à la plume.
On ne sait toujours pas qui les a écrit, je vais faire quelques petites recherches.
Merci. Bien à vous
Henri Lopez
mon père mettais ces vers sur ses livres quand il était jeune , dans les années 30/40 , je viens de m’en souvenir ( j’ai 58 ans ) je sais que ce sont des vers de La Fontaine, mais je n’ai pas retrouvé le titre de la fable à tout hasard j’ai tenté de trouver une réponse sur le web et je suis tombée sur votre blog avez vous eu des réponses depuis 2005 ?
Eh bien.. moi aussi j’ai atterri ici en cherchant l’auteur de ces 2 vers.
J’ai envie de raconter un peu le contexte. Il faut, parait-il, parler de son histoire personnelle pour arriver à s’en détacher.
Alors voilà… Ils m’ont été écrits en guise de dédicace par Untel à qui j’avais demandé de me procurer ce livre « Un homme à distance » de Katherine Pancol et qui me l’a donc offert fin 2008, à Rabat.
Finalement, je l’ai commencé hier soir et fini ce matin.. autant dire que même s’il est assez mince, je l’ai dévoré. D’ailleurs, émue que j’étais par l’atmosphère épistolaire de ce puissant petit livre, j’ai mal déchiffré , j’ai lu.. »si, tenté du démon, tu déVORES ce livre.. »
Je le recommande, au passage, vivement.
Et j’ai re(?) découvert ces lignes signées « un homme à distance ».. et ça m’a replongée dans ce passé pourtant pas si lointain, où j’allais, confiante, intriguée et légère vers l’inconnu d’une rencontre insensée mais prometteuse.. J’y suis allée en espérant vivre « a dream come true ». Bref…
.. soupir
sourire
Donc, si j’ai bien compris, on ne sait toujours pas à qui l’on les doit, ces fameuses phrases..??? flûte et zut!
Pour continuer cette discussion sur sa 4eme année, je citerais cette vieille maxime :
Si tenté du démon Tu dérobes ce livre
Apprends que tout fripon est indigne de vivre
et que ce livre est à moi comme la France fut au roi
Non c’est :
Ce livre est à moi comme le Lys est au Roy
Si tenté du démon tu dérobes ce livre
Sache que tout fripon est indigne de vivre
Bonjour,
Ces vers étaient écrits dans les cahiers d’écolier et il existe une comptine québécoise qui commence comme cela :
« Ce livre est à moi comme Paris est au Roy,
Si tenté du démon tu dérobes ce livre,
Apprends que tout fripon est indigne de vivre. »
Je l’ai écrit dans un recueil de poésie, un petit livre que j’avais écrit en 2003 et qui me fut… volé. Je ne l’ai jamais retrouvé mais je sais qu’au moins le voleur l’a probablement lu.
Alors moi j’avais une autre version, que j’écrivais sur tous mes livres quand j’étais au lycée (en bac littéraire les lectures étaient nombreuses et les échanges multiples !) c’était :
Si tenté du démon tu dérobes ce livre,
Apprends que tout fripon est indigne de vivre.
Ce livre est à moi comme Paris au Roi,
En cas de perdition je signe de mon nom.
La signature et le nom sur le livre me permettait ainsi d’être sûre que c’était bel et bien mon bouquin.
Sur un ancien livre à ma mère, à la plume il était écrit :
Jupiter en colère,
Pour punir les humains,
Fit descendre sur terre,
L’auteur de ce bouquin,
Si tenté du démon,
Tu dérobes ce livre,
Sache que tout Fripon,
Est indigne de vivre,
Car ce livre est à moi,
Comme Paris est au Roi.
ma mère ne sait plus d’ou venait cette citation,
mais je l’ai écrite sur certain de mes livres,
en rajoutant :
En cas de perdition,