Sur l’un des blogs que je visite souvent – pour ne pas dire tous les jours – il y a un jeu extra intitulé « Dis-moi dix mots ». Le but ? Ecrire un texte cohérent dans lequel vont apparaître dix mots obligatoires, qui ont été tirés au sort.
Les voici :
– quelqu’un : Jacques Brel
– un lieu : sous les cocotiers
– un repère temporel : dans trois jours
– un autre quelqu’un : Léon Tolstoï
– un nombre : 90125
– une couleur : vert pomme
– une caractéristique personnelle : la cautèle
– une humeur : une humeur de chien
– un objet : un hameçon
– un truc quelconque : le bonheur
Ce n’est pas un concours et on ne gagne rien, si ce n’est l’immense plaisir d’écrire.
Si ça vous tente, n’hésitez pas, c’est ouvert à tous.
Pour vous encourager, voici mon texte, mais il y a mille autre manières de faire !
On pourrait l’appeler : Hommage à Jacques Brel
Je m’appelle Jacques Brel et je suis lieutenant au fort de Belonzio qui domine la plaine d’où l’ennemi viendra, qui me fera héros !
En attendant…
Je m’ennuie, quelquefois.
Oh, pas trop, juste ce qu’il faut pour attacher un brin de mélancolie à la tige de mes bottes de cavalier. Ces bottes luisantes que Déborah prend plaisir à m’ôter, agenouillée devant moi. Ta rivale, dis-tu. Mais n’est-ce pas plutôt un leurre, placé devant mes yeux pour que j’oublie, entre ses bras, ton infidélité ?
Pour certains, l’ennui est un fardeau, pour moi c’est un mode de vie. Je le promène partout, sur les remparts de Varsovie et sous les cocotiers, de par le vaste monde et au fond de mon lit.
J’aime emporter à cheval mes états d’âme et mes lubies. Le vent dans mes cheveux apaise mes folies. Car le bonheur est là, sous le pas de Zangra mon cheval d’argent et non dans ton sillage.
Car toi, dans trois jours, tu seras partie et moi je resterai là, seul, avec mon désespoir. Je ne te comprends pas, tu ne me regardes pas. Mais moi, pourtant, je t’aime. Je suis seul, devant toi, avec mes passions, mes caprices, mes hallucinations et toi, tu détournes les yeux.
Oh, je les ai comptés, les baisers que tu me dois. J’en ai trouvé 90 125. N’est-ce pas un enfer que tu me fais vivre ?
Tu me reproches sans cesse de n’être que moi-même. De faire le dandy ou bien le joli cœur. D’avoir peine à sourire, d’être d’une humeur de chien. C’est faux ! Tu mens ! Ton esprit est troublé par ces romans que tu lis jusqu’au bout de la nuit.
D’ailleurs je suis jaloux. Je voudrais, moi aussi, être au creux de tes mains, m’appeler Léon Tolstoï et te faire pleurer comme ce livre que, sans cesse, tu presses sur ton cœur.
De quelle poudre magique a-t-il parsemé ses pages, pour que tel le poisson rivé à son hameçon, tu ne puisses plus t’en détacher ? La beauté de ses lignes, je ne l’ai pas trouvée. La puissance de son style, je ne l’ai pas cherchée. D’ailleurs, je préfère Dostoïevski.
Qui j’ose aimer, me dis-tu ? Mais je le revendique ! Je préfère la cautèle de ses personnages véreux à la superbe arrogance d’un Vronski pathétique.
Mais je m’égare. Je prends la mouche. Retournons de ce pas à mes lectures charmantes, replongeons dans la Lust d’Elfriede Jelinek.
Je te regarde en coin, te vois plisser les yeux, chafouine comme à chaque fois que je saisis ce livre. Cette couverture vert pomme, tu dois la détester…
9eme semaine de la francophonie. Concours d’ecriture a contrainte
laureat catégorie « vers libres symbolistes »
Laurent Bouhaër
Qui sait la science ?
Silencieusement, des amertumes ont traversé le quai des brumes.
Elle a longtemps déambulé sur le bitume,
Battant pavés presque posthumes…
A vous en démantibuler la Lune !
Entre la mousse et les broussailles, l’âme erre et hume.
Qui sait la science des noeuds bouline que l’on enseigne dans la marine ?
Partout, des ambres brûlés, le long des meublés de Brooklyn.
(Que Malibu n’oublie Marilyn)
Festin ! Ripailles!
Champs verts fraisiers dont les sylphides font maints dîners.
Au jardinet d’ombellifères, la fée fiançailles, ce farfadet, le teint fardé, le souffle frais, l’air
…………..effronté, efféminait!
Sombre belle et fière!
Au détour des forêts de France, tant d’espérances ? Quelle chance !
Etait-elle seulement tactile ?
L’aurais-je simplement rêvée?
Un souvenir si volatile, fuit ma mémoire. Pfutt. Envolé !
Avec un soupçon de lumière, je vous l’aurais mieux lu hier…
On peut toujours tataouiner, mais qui dira:
« T’as tout ruiné ! » ?
C’est :
En attendant CE JOUR
Je m’ennuie quelque fois
sinon, vous perdez le rythme !
La honte : un comique disait il y a quelques années que les hommes de ma génération ne se seraient posé que deux questions dans toute leur vie : 1 / qu’est ce que Papa et maman font dans leur lit, puis : 2 / qu’est ce que Papa faisait pendant la guerre?
Comme je le sais à peuprès, ma réponse (et celle de ma génération, en gros) est de dire : Et nous aurons vécu avec la honte que nos pères n’aient pas sû arreter ça, empecher ça. Voilà.