Ce titre est celui d’un roman de Nancy Houston, écrivain américaine qui vit en France (pas très loin de chez moi, d’ailleurs).
Douze convives se réunissent dans la maison de Sean Farrell pour la soirée de Thanksgiving. Ils n’ont aucune particularité, si ce n’est de se connaître et de s’apprécier. Ils sont ordinaires, ont des défauts et des qualités, des désirs inassouvis et des petites mesquineries. Deux des femmes ont eu, dans le passé, une histoire d’amour avec le propriétaire des lieux, touche piquante un peu étrange car Sean est en plein drame. Chacun souffre et tous se débattent dans une vie dont ils ignorent, bien entendu, la fin. Ils ne savent pas que, quoi qu’ils fassent, leur destin est irrémédiablement fixé. Pourquoi le savons-nous ? Parce que nous avons lu le chapitre liminaire…
Dolce agonia est un livre étonnant : il semble n’avoir ni début, ni fin. Comme une fenêtre qui s’ouvre sur une scène de la vie quotidienne et se referme, quelques péripéties plus tard. Comment, par quoi échapper à la médiocrité de la vie ? Par l’amour ou la postérité ? Hélas, ce ne sont qu’illusions éphémères. Les protagonistes sont les pièces changeantes d’un puzzle infini, manipulé par une main céleste sans état d’âme, connaissant la fameuse fin. La vie n’est qu’une longue agonie.
Je sais, André sait, nous savons quelle sera sa fin. Nous ignorons sa date, mais nous savons qu’elle arrivera et même, comment elle arrivera. Enfin, ce dernier point n’est que le reflet de nos déductions, car peut-être André étouffera-t-il, victime de « détresse respiratoire », à moins qu’il ne s’éteigne dans son sommeil, ou encore parce qu’une métastase encore indécelée le précipitera dans un autre dédale.
Il sait, je sais et pourtant nous vivons. Je suis avec lui le plus souvent possible. Il n’est pas tout le temps avec moi, même quand je suis là.
Quand j’étais enfant, il me disait « Arrête de pleurer, réagis, bas-toi dans la vie, sinon tu seras toujours une pauv’petite fille ». Alors je ne pleure pas. Enfin, pas devant lui. J’ai mis mes pas dans les siens et ce, depuis plus de quarante ans… Ca m’a plutôt bien réussi. Il a cheminé à mes côtés lors de mes débuts dans la vie. Nous cheminons une dernière fois ensemble, jusqu’à sa fin. C’est bien.
J’espère rendre son agonie douce. Dolce Agonia…
André doit être un bel humain
Deux êtres humains qui cheminent ainsi ensemble jusqu’à la fin de la vie de l’un, c’est à la fois terrible et beau.
Ne pas abandonner la relation, ne pas céder face à la peur de la maladie, des odeurs d’hôpital, du corps qui s’abîme… c’est vraiment quelque chose qui me touche et je t’envoie mes pensées les plus affectueuses ainsi qu’à André.
En te lisant, j’aurais envie d’être croyante pour oser prier et demander comme une grâce que son agonie soit douce, qu’il parte dans la sérénité… Mais comme je suis terre-à-terre, j’espère qu’il est entouré d’une équipe médicale aguerrie aux soins palliatifs et aux médecines qui rendent plus douces les dernières heures de nos vies.
Pour que ce ne soit pas le hasard qui décide de cela.
Alain : oui, je crois que c’est exactement cela, André est une belle personne.
Chère anonyme : merci de cette pensée qui, à son tour, me touche beaucoup. André est entre de bonnes mains médicales, mais hélas, cela change assez peu de choses à sa souffrance. Les soins palliatifs sont une réaction à un manque, il faut que la souffrance soit là pour que l’on agisse.
Je suis vraiment étonnnée de toutes ces critiques magnifiques autour du livre dolce agonia.Personnellement, je reconnais la qualité littéraire de ce livre, de sa construction, de sa trame narrative mais j’ai été estomachée du morbide, de l’archanement à rendre les choses laides, terribles, horribles, à la limite du supportable! Que dire de l’épisode de l’enfant junki retrouvé mort et partiellement dévoré par son chien, épisode suivi de près par la description terrible du supplice fait à l’oiseau…
Je ne comprends pas pourquoi méler l’horreur de la description à la violence des situations : c’est tellement facile de toucher dans ces cas-là.
Qui partage mon point de vue?